Sept, les anges de Sinjar
Commande du Festival Printemps des Arts de Monte-Carlo pour sa saison 2022, la création Sept, les anges de Sinjar s’articule à partir de l’imaginaire et de la mythologie yézidis.
© Simon Cavalier
Direction artistique : Michel Hallet Eghayan, Bruno Mantovani, Aram Hovhannisyan, Michel Petrossian
Compositeurs : Aram Hovhannisyan, Michel Petrossian
© Simon Cavalier – Alain Hanel
LE PROJET EN CO-CRÉATION AVEC L’EOC
La culture de ce peuple a une dimension poétique et spirituelle singulière, qui plonge ses racines dans les premières formes du monothéisme indo-européen et la cosmogonie iranienne, enrichis au fil des siècles par les contacts avec le monde juif et la mystique soufi.
Mais les Yézidis sont également impliqués dans le drame de la période récente, lorsque leur existence même a été menacée par une féroce persécution de la part des fanatiques religieux en Irak.
Sans porter de projet politique explicite, il s’agit donc d’approcher, comme d’une source d’inspiration, cette culture méconnue aux sources plurielles, mais aussi de la faire exister par l’art alors que le droit d’exister tout court lui est dénié, précisément à cause de cette pluralité perçue comme une hétérodoxie intolérable.
Concrètement, l’argument du ballet prend pour cadre la création angélique par Xwede (Dieu) qui se déroule sur une semaine (d’où le titre «Sept»). Un ange est créé chaque jour, à commencer par la figure principale : Malek Tawus, l’Ange paon. Pour aboutir à une sorte de culmination dramatique lors de la venue au monde de cet ange principal, le fil narratif est inversé : il commence par le dernier ange, Nouraïl, créé le samedi, en passant par Chemnaïl (vendredi), Anzazil (jeudi), Machaël (mercredi), Israfil (mardi) et Dardaïl (lundi) pour remonter jusqu’à Malek Tawus.
Six solos dansés correspondant aux premiers anges sont entremêlés d’interludes, et culminent dans un Tutti instrumental et chorégraphique final, moment de la création de l’Ange paon. Ce dernier est présent sous deux aspects : la face cachée et obscure, voire maléfique, et la face lumineuse et explicite, source de bien. La partie musicale convie l’Ensemble Orchestral Contemporain (douze musiciens), la partie chorégraphique est portée par la Compagnie Hallet Eghayan et Artistes Associés (sept danseurs). Deux compositeurs sont sollicités, Aram Hovhanissian, vice-recteur du Conservatoire d’Erevan (Arménie) formé en Suisse, et Michel Petrossian, lauréat du Concours Reine Elisabeth. Les interludes musicaux s’inspirent, sous forme d’évocation stylisée, des traditions musicales qui environnent le monde yézidi : hébraïque, arabe, arménienne, perse…
Le lien au thème yézidi est différent pour le chorégraphe et pour les compositeurs, ce qui suscite une polyphonie intéressante. Pour Michel Hallet Eghayan, il s’agit d’une impulsion initiale alimentée par l’actualité dramatique des Yézidis qui ont été au bord de l’extermination, et qui résonne avec l’actualité plus récente dans le Caucase, à la frontière de l’Arménie.
Pour la musique, Aram Hovhanissian et Michel Petrossian cherchent davantage un lien thématique dans l’imaginaire déployé par la mythologie et les traditions yézidies, notamment le cadre littéraire de la semaine de la création angélique, les caractéristiques de chaque ange, la symbolique des nombres, ainsi que la tradition hymnique des Qawal, chantres yézidis. Il y a donc deux cadres qui coïncident dans le Tutti final, où l’image de l’Ange paon et l’idée d’une certaine apothéose culminent pour la danse comme pour la musique. Cette tension intérieure entre ces deux temporalités et ces deux approches constituent une originalité, source d’une écriture parallèle, chorégraphique et musicale, qui se fécondent mutuellement.
DISTRIBUTION
Chorégraphie et conception artistique :
Michel Hallet Eghayan, Aram Hovhannisyan, Bruno Mantovani, Michel Petrossian
Chorégraphie :
Michel Hallet Eghayan
Danseurs :
Margot Bain, Samuel Hubert, Anne-Sophie Seguin, Antonin Pinget, Émilie Eckly, Nicola Ayoub
Compositeurs :
Aram Hovhannisyan, Michel Petrossian
Interprètes :
musiciens de l’Ensemble Orchestral Contemporain
Création lumière :
Philippe Catalano
Création costumes :
Cécile Destouches
Ella Revolle
Malou Galinou
Régie son :
Julien Alenda
Production et Diffusion :
Thierry Rollet, Renaud Paulet
Administration :
Émilie Stubbs, Jade Damour
Communication :
Nicolas Gire, Jules Comode